Douze bougies pour Krooner

Aux côtés de Nicole Lesieur, Marie-Hélène Courtois-Chevalier, 52 ans, est l’associée principale du groupe Krooner. Un groupe qui compte huit salons de coiffure et qui a fêté douze années d’existence à l’automne 2020. Interview.

Krooner a douze ans. Félicitations. Mais au fait, comment est né Krooner?

Marie-Hélène Courtois-Chevalier : A l’origine il y a Nicole Lesieur, qui commence seule son aventure de coiffeuse en 1976, dans son garage. Puis elle reprend un premier salon à Illiers-Combray au milieu des années 80. C’est chez elle que je fais mon apprentissage entre 1987 et 1989. L’année 1989 est aussi celle où Nicole crée un salon à Thiron-Gardais. J’en deviens responsable jusqu’en 1997, date à laquelle nous décidons de nous associer pour créer un nouveau salon à Châteaudun. D’autres acquisitions suivent, à Chartres en 2001, à Brou et à Nogent-le-Rotrou en 2002. Mais ce système de franchises multiples finit par nous lasser.

C’est un tournant…

Je crois, car c’est alors que nous sollicitons une agence parisienne pour nous doter d’un nouveau nom d’enseigne. Un nom intemporel, accrocheur, qui resterait dans les esprits. « Krooner » nous est proposé, avec un k incisif adouci par les deux o. C’était en 2008…

En quoi votre modèle économique se distingue-t-il de la franchise?

Chaque salon est une affaire distincte, mais tous les salons sont placés sous la gestion de Nicole Lesieur, dont je suis l’associée principale. Je suis aussi salariée manager, comme il en existe un ou une dans chaque salon. Chaque site est le reflet de ce manager, qui dispose d’une certaine autonomie. L’enseigne est commune, prestations et services sont communs, mais la décoration est propre à chacun. Le recrutement est aussi le domaine réservé du manager.

« J’espère modestement que dans le Perche, tout le monde a un jour entendu le nom de Krooner. »

Marie-Hélène Courtois-Chevalier

Quel est le positionnement de Krooner?

Nous nous situons dans le milieu de gamme et le haut de gamme, et nos salons sont ouverts à tous les publics. Les hommes sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à s’y rendre : ils représentent 40 % de la clientèle à Chartres, et 30 % en moyenne dans les autres villes. Des villes qui vont du Mans, 140000 habitants, neuf salariés (le manager est un homme), jusqu’à la petite commune rurale de Thiron-Gardais, 1200 habitants, deux salariées.

Krooner, c’est donc un public, mais ce sont aussi des produits…

Ce positionnement a mené à la création d’une gamme de produits de beauté naturels en collaboration avec Biocreation Cosmetic, à Saint-Denis-d’Authou. Ainsi est née la gamme Krooner Nature, en 2013. Du pur « made in Perche » : la matière première est produite à Senonches, la fabrication s’effectue à Saint-Denis-d’Authou, et l’emballage à peine plus loin, à Mâle. A la clé, une offre de qualité au cœur du monde rural.

Peut-on parler de réussite, à vos yeux?

Douze ans après sa création, Krooner compte 45 employés, ce qui est remarquable. Mais cette dimension pose aussi la question de la cohésion d’ensemble. Pour cela nous organisons des séminaires, où tout le personnel est invité le temps d’un week-end. Il y a deux ans, pour les dix ans de Krooner, ce fut La Palmyre, près de Royan. Un investissement conséquent pour le groupe, mais c’était le prix à payer pour conforter les bases d’une fierté commune.

Pas de coiffure sans coiffeuses. Comment abordez-vous la question du recrutement ?

Toute la difficulté est de pouvoir disposer d’un personnel motivé et compétent. C’est pourquoi nous formons en moyenne sept apprenties chaque année au sein du groupe. Deux managers de Krooner sont d’ailleurs d’anciennes apprenties. Nous devons en former beaucoup pour avoir l’assurance de maintenir notre niveau de service, et nous essayons évidemment de les garder le plus possible auprès de nous.

Et demain?

Comme aujourd’hui, comme hier, demain sera placé sous le signe de la qualité. De ce fait, il nous faut déployer beaucoup d’efforts de formation pour nous assurer que tous les salons sont au même standard. Tout en préservant l’humain : il faut savoir faire le distinguo entre ce qui relève du modèle commun et ce qui relève de la personnalité du manager. Et donc ne pas imposer des règles à tout prix. Reste que nous devons travailler chaque jour à conquérir une place de référent dans le métier, à faire envie aux jeunes. A leur donner l’envie d’oser faire des choses différentes. Tout en gardant à l’esprit que la coiffure est aussi un soin, une écoute, un réconfort. Une manière d’aventure humaine, en un sens.

Texte et photographies: Philippe François

Modèle: Camille Surin

Start typing and press Enter to search